Genre : Conte merveilleux - Littérature enfantine tout public Citation : « On reconnaît tout de suite les mensonges, mon garçon, parce qu'il y en a deux sortes : Il y a les mensonges qui ont les jambes courtes et les mensonges qui ont le nez long. » Présentation de l’histoire : Il y avait une fois… « Un roi ! » diront tout de suite mes petits lecteurs. Non mes enfants, vous vous êtes trompés. Il y avait une fois un morceau de bois. Ce n'était pas du bois de luxe, mais un morceau pris dans un vulgaire tas de petit bois, de ceux que, l'hiver, on met dans les poêles et les cheminées pour allumer le feu et réchauffer les appartements. Je ne sais pas comment ça arriva, mais le fait est qu'un beau jour ce morceau de bois se retrouva dans la boutique d'un vieux menuisier... |
♦ Critique par Gwendoline M.
Comme beaucoup je ne connaissais que l'adaptation animée de Walt Disney et puis, suite à un cours d'introduction à la littérature jeunesse, parler de ce livre m'a vraiment donné envie de le lire. Quelques jours, après je farfouillais un peu à la bibliothèque et ce qui devait arriver arriva, je suis tombée sur le livre.
Le style d'écriture de Collodi est tout à fait adapté à la jeunesse ; l'écriture est simple mais reste accessible à tous, enfant comme adulte qui pourrait le lire sans le trouver ni trop ennuyeux trop compliqué. Le rythme et la dynamique de l’œuvre varie selon les scènes pour s'adapter autant à la narration qu'aux personnages. Lorsque Collodi met en avant Pinocchio, l'écriture prend toutes les composantes de l'oralité : Pinocchio parle alors très vite, imposant d'utiliser - trop souvent - une ponctuation exclamative, et passe du coq à l'âne, comme tout enfant qui raconterait ses aventures. Ce côté là permet plus facilement aux enfants de s'identifier au personnage et à ce qui va lui arriver. Mais globalement, la dynamique de l’œuvre est plutôt rapide, les actions s'enchaînent vite et bien. Les mots sont judicieusement choisis et leur grande diversité montre que l’œuvre n'est pas juste une histoire pour la jeunesse. Collodi utilise beaucoup de rappel dans son œuvre pour mettre en avant la naïveté de Pinocchio. Les morales que transmet le conte se positionnent sur plusieurs niveaux de compréhension et d'accessibilité, aussi l’œuvre, plus complexe qu'au premier abord, adapte son enseignement en fonction de l'âge de son lectorat, sans pour autant que les enfants ne s'en rendent compte.
Les illustrations signées Carlo Chiostri Firenze sont tout à fait en accord avec le texte et permettent une bonne représentation de Pinocchio dans le contexte de l'œuvre de Collodi. Entièrement réalisé en traits, très simples et totalement en noir et blanc, ses dessins sont très présents dans le roman et reprennent les différentes scènes du récit, confrontant les mots à l'images avec beaucoup de respect. Les personnages et situations sont fidèles aux descriptions qu'en fait la narration, permettant une bonne représentation de chaque événement du livre aux plus jeunes. À noter que dans mon édition, à savoir Folio Junior, j'ai beaucoup aimé que chaque numéro de chapitre surmonte la représentation d'un petit chapeau qui continue d'ajouter une certaine personnalisation de l’œuvre et servira surtout de guide visuel aisément compréhensible par les plus jeunes.
Les aventures de Pinocchio est un classique de la littérature enfantine Italienne du XIXe siècle, conte merveilleux assez atypique dans sa construction, mais ayant une certaine universalité dans le message qu'il véhicule. L'histoire se déroule dans l'Italie du XIXe siècle, dans un contexte d'opposition de la bourgeoisie et de la classe moyennes. Collodi insiste sur la pauvreté et aborde les conditions de vie difficile à cette époque de manière bien présentée pour un regard qui serait celui d'un enfant. Et d'ailleurs, la nourriture est un thème qui occupe une place presque omniprésente. Mais surtout l'histoire montre les injustices éducatives, les enfants de parents non bourgeois n’étant instruit qu’au nécessaire (savoir lire, écrire, compter) pour vite rejoindre les parents au travail, mais aussi les injustices sur la condition de l’enfant de classe moyenne qui ne peut jouir pleinement de son statut, contraint aux obligations qui lui sont imputées dès sont plus jeunes âges en vu de travailler le plus tôt possible. Le livre oppose ainsi deux modèles d'éducations en marquant une rupture entre l'éducation par le père et celle par la mère. Beaucoup d'éléments qu'on pourrait croire ne pas être accessible facilement pour les plus jeunes, et pourtant l'enfant tirera beaucoup de leçon de cette histoire. Le symbolisme est très présent dans l’œuvre. Les personnages sont souvent caractérisé par l'image qu'il véhicule, comme le renard pour la ruse, la fée pour le côté moralisateur, l'âne pour l'entêtement… et même Pinocchio, enfant pantin de bois, n'échappe pas à cette règle. Cette particularité permet facilement à l'enfant de comprendre la place de ses personnages, leur rôle, tout en offrant une seconde lecture pour les plus âgés qui décideraient de lire le roman. D'autant que les personnages sont riches en personnalité, en caractère. On s'attache à certains, en déteste d'autres ; beaucoup de ressenti se dégagent d'eux. L'Univers dans lequel Collodi nous plonge est celui d'un quotidien où la vie est difficile. Plongé dans cet univers était un vrai régal et il n'aurait pas pu en être autrement, car c'est ce contexte-ci qui va permettre à Pinocchio de comprendre que les leçons de morales ne sont pas faites pour être discutées et qu'il faut travailler pour vivre.
Pour conclure, Pinocchio est un livre tout public dont la complexité réside dans sa simplicité en posant une problématique cathartique et en cherchant à nous guider vers le droit chemin et comprendre plus facilement les difficultés de la vie et la façon dont fonctionne le monde. Un livre idéal pour les jeunes lecteurs qui n'auront aucun mal à s'identifier au petit pantin, mais que je conseille particulièrement aux adultes également. À lire sans hésitation.