Genre : Conte asiatique - Album Lectorat : Enfant Citation : « Ainsi, tu ne connais pas la légende ? Pour remercier son maître attentif et aimant, une grue lui apporta un trésor venant de la montagne des dieux. » Présentation de l’histoire : Au Japon féodal, une légende raconte que pour remercier son maître attentif et aimant, une grue lui apporta un trésor venant de la montagne des dieux. Persuadé de la véracité de cette légende, Echigoya vivait de manière insouciante, gaspillant la fortune familiale et prenant grand soin de son chat, Tama. Aussi ne s'inquiéta-t-il pas le jour où il se retrouva sans le sou. Pour le bonheur de son maître, Tama était prêt à tout... |
♣ Critique de Maud G.
En grande collectionneuse de Maneki Neko, je ne pouvais passer à côté de ce livre illustré dont la couverture affiche cette célèbre statuette japonaise, symbole de chance et bonne fortune. Je remercie sincèrement les éditions Flammarion pour cet agréable retour dans l'enfance. On a tendance à penser - à tort - que la littérature enfantine ne nécessite pas un style des plus travaillés, mais, en réalité, les plus jeunes sont particulièrement sensibles à la qualité d'un texte. Le Chat Bonheur est le très bon exemple d'un livre pour enfant à l'écriture soignée, à la fois simple, sans pour autant sombrer dans la facilité, pour être parfaitement compris par les plus jeunes, pur, léger, plein de poésie et fluide par la narration omnisciente très bien choisie. La dynamique est très bonne et le rythme, bien mené, est parfait pour le public visé, tout en sachant s'adapter à un lectorat plus vieux (comme les parents ou les grands enfants) qui sauront se laisser charmer. La mise en page est soignée et utilise parfaitement l'espace pour harmoniser textes et images.
Les illustrations sont l'un des points forts de cet ouvrage, chacune d'elles étant un véritable tableau aux couleurs douces, mêlant plans parfaitement étudiés, flous artistiques presque oniriques et détails riches, soignés, pour jouer sur la profondeur, mais surtout sur l'émotion. Le message visuel à une véritable importance : l'image s'accorde parfaitement au texte et semble même le compléter par la fragilité et la beauté qui s'en dégage. Et le choix des couleurs n'est également pas étranger à toute cette authenticité qui plane sur cette ouvrage plein de tradition, jusque dans son nuancier de gris et de teintes pastels qui évoquent le manque de rigueur, le refus d'engagement, la tristesse, la monotonie, la rêverie vague. Car oui, Qu Lan joue avec la symbolique et d'autant plus avec ce rouge éclatant, positif, synonyme de sincérité et de bonheur, qui suit Tama, le chat, dans les décors qui l'entourent souvent, mais surtout autour de son cou. Les illustrations ne laissent aucune place à l'à-peu-près, retranscrivent les émotions avec beaucoup de soin et donne tous les détails propres à chaque chose. Aussi, Tama aborde la robe rare, dite "mi-ke", que l'on retrouve traditionnellement chez le chat bobtail japonais et porte le collier-bavette à grelot en chirimen porté par les chats des riches foyers de l'ère Édo, les pièces d'or sont des kobans (traditionnellement associés au maneki neko), monnaie d'une très grande valeur. Mais avant d'aborder ce qui porte à l'histoire, j'aimerais insister sur la puissance de chaque planche, sur la sensibilité qui les enveloppent, au point que les mots pourraient ne pas être nécessaires.
L'auteur développe, avec beaucoup de soin, l'une des nombreuses légendes sur l'origine du maneki neko, aussi retrouve-t-on tous les codes du conte, avec une ligne directive claire allant vers une moral simple - pour être parfaitement comprise par les plus petits - tout en n'hésitant pas à aborder des thèmes forts et plein de sens. On découvre le côté traditionnelle qui définit le Japon, l'honneur, l'importance du respect, de la famille, du travail, la valeur de l'argent, bref des notions importantes dans l'éducation qui sont, ici, introduite avec subtilité. Grâce à une histoire à la fois réaliste et pleine de poésie, l'auteur parvient même à peindre une approche de la mort sans violence, sans choquer, avec beaucoup de douceur et d'onirisme qui fera réfléchir les plus petits. Les personnages sont bien construits, très facile à visualiser et très attachants, surtout Tama, le chat, que l'on ne peut qu'aimer. L'univers est celui du Japon féodal de l'époque Édo, avec ces traditions et sa beauté, l'ambiance est douce, enchanteresse, bref, on est bercé par ce récit tout légèreté.
Et parce qu'il est temps de finir, parents, enfants de tous âges - dont ceux qui le sont restés - je ne peux qui vous inciter à tourner les pages de Chat Bonheur, car il est un de ces livres qu'il faut offrir. Amoureux des chats, des belles images, des belles histoires - ou comme moi, des Maneki Neko - voici un livre qui vous charmera.