Genre : Thriller policier fantastique Citation : « Tout ce qui peut être blessé peut être tué. Il tire de nouveau. Cette fois, il entend le cri de douleur que produit le givre, ou quoi que soit cette chose. Et de nouveau, il le voit qui se met à saigner. » Présentation de l’histoire : À Drancy, en Seine-Saint-Denis, dans une chambre d'enfant, une scène d'exorcisme tourne au drame… Mais tout a été consciencieusement filmé par un journaliste. À Paris, au cours des jours qui suivent, la policière Eva Svärta se sent observée – impression désagréable ou mauvais pressentiment ? Alexandre Vauvert, le colosse aux songes prémonitoires, partage avec elle des rêves inquiétants. Elle sait que le danger rôde, même si les mois qui viennent de s'écouler ont été plus doux que d'habitude. Très vite, entre Paris et Toulouse, le fameux duo d'enquêteurs est de nouveau sur la brèche. Cette fois-ci, ils sont eux aussi les proies d'un tueur psychopathe… |
♦ Critique par Lise M.
Inutile de mentir, en fan inconditionnelle de tous les précédents écrits de Sire Cédric, j'attendais toute tremblante la suite des aventures d'Eva et d'Alexandre. La couverture, en noir, blanc et rouge, est plus sobre et légèrement moins attrayante que celles des précédents opus - adjectifs qui ne correspondent pas au roman. Après avoir lu la quatrième de couverture (au spoiler regrettable que j'ai effacé dans la présentation du livre plus haut), on n'a pas de doute : on ne va pas être déçu.
On retrouve d'emblée le style frappant de Sire Cédric. Dès la première phrase, simple mais percutante, pour décrire la scène horrible qui se trame, on sait qu'on n'aura pas de répit, pas une seconde. Tout au long du roman, la narration est portée par cette plume haletante, saisissante, idéale pour un thriller. Le rythme et la dynamique sont marqués par des phrases courtes qui ponctuent le tout avec fluidité ce qui nous amène à lire très vite. C'est pourquoi je pense que La Mort en tête demande une deuxième lecture "plus calme" pour permettre de mieux apprécier les envolées poétiques, les réflexions ou tout simplement des phrases à la musicalité et à la beauté envoûtantes. On trouve aussi quelques répliques savoureuses et touches d'humour, nécessaires si l'on ne veut pas complètement sombrer et pour nous préparer au grand saut. Les dialogues sont parfaitement adaptés, ni trop longs, ni trop courts, on ne s'y perd pas. On note aussi des incursions en italique pour marquer les pensée des personnages principaux ou encore le passage du passé simple au présent pour nous rapprocher de Barbarossa, nous rendant témoin des scènes qui se déroulent à travers les yeux de ce psychopathe, fusion forcée avec son esprit et ses pensées qui confère au roman un aspect dérangeant, tentant de réveiller la part de sadisme, la part de Mal en chacun de nous.
Comme un puzzle, tous les éléments se mettent peu à peu en place, rebondissement après coup de théâtre. On comprend, pas à pas, que tout à son importance, rien n'est laissé au hasard. L'intrigue est très riche et surprenante : c'est une entreprise rondement menée. À chaque fois que l'on entrevoit enfin une porte de sortie, que tout semble pouvoir s'arranger, un nouvel évènement inattendu complique encore la situation. On a l'impression que ça part dans tous les sens, mais au final tout s'emboite parfaitement. L'auteur nous entraîne exactement là où il veut et on se fait un plaisir de se laisser embarquer par cette histoire d'un nouveau genre. On retrouve avec plaisir les héros récurrents de Sire Cédric, qui réussit une fois de plus le tour de passe-passe qu'on lui connaît : sortir de son chapeau des personnages assez cliché et en faire des protagonistes attachants, surprenants, originaux et travaillés. C'est cependant une Eva affaiblie que l'on découvre, loin de ses capacités impressionnantes, et pourtant toujours aussi forte. C'est déroutant et rageant de la voir aussi diminuée, mais le contraire aurait été, pour le coup, un vrai cliché. Au fil des pages, lire le nom de Barbarossa suffit à faire frissonner. On hésite presque à poursuivre, mais on ne peut pas arrêter. Il est l'un des premiers personnages de Sire Cédric à atteindre un tel seuil de cruauté et de folie sans avoir de réel lien avec le surnaturel. Par ailleurs, l'ensemble du roman se démarque un peu du surnaturel, moins présent que dans les précédents. L'éloignement du fantastique permet aussi d'ouvrir le roman à un plus grand lectorat, mais on ne se refait pas. L'univers reste aussi noir qu'on le connaît, capture un morceau de vous entre ses lignes et ne vous le rendra jamais. On regrette simplement que les différentes légendes ne soient pas plus exploitées ou plus explicites. Il aurait été intéressant d'en savoir plus sur les Maras (référence à sa nouvelle Clairvoyants), les Bakus et autres créatures légendaires brièvement évoquées. Et alors que le dénouement est passé, que tout semble avoir pris fin, les quinze dernières lignes annoncent l'opus suivant...
En résumé, un roman à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer. Il ravira ceux qui ont déjà été conquis par l'univers de noirceur de l'auteur, mais nul besoin d'avoir lu les précédents romans pour plonger dans l'histoire et comprendre. On sent, roman après roman, s'affirmer le style et l'univers de l'auteur, chaque nouveau récit surpassant le précédent. Si le roman plaira aussi bien aux amateurs de thrillers que de fantastique, il est tout de même à ne pas mettre en toutes les mains, en raison de la barbarie qui y est décrire : mieux vaut avoir le cœur bien accroché.