Genre : Historico-fantastique Citation : « Pendant ce temps, Eva se disait que si la mort revenait à observer passivement un mariage au Moyen Âge, ce n’était pas la peine d’en faire une affaire si terrible. Elle n’avait même pas ressenti le choc de la fin de sa chute dans le gouffre Atlante. » Présentation de l’histoire : Comment réagiriez-vous si, au lieu de mourir, vous vous trouviez projeté dans le corps d'une jeune aristocrate du XVème siècle promise à Vlad Drakul ? C'est ce qui arrive, de nos jours, à Eva, étudiante en littérature, qui est poussée dans une faille volcanique par le linguiste qu'elle voulait retrouver. Celui-ci, possédé par l'esprit d'un légat du pape de Drakul, n'a que ce moyen pour sauver les deux époques de l'Apocalypse. Commence alors pour Eva une étrange quête qui doit la mener à comprendre pourquoi, au XXIème siècle, une étrange maladie ravage le monde et au XVème, de monstrueuses créatures surgissent au cœur du Danube. |
♦ Critique par Antonine A.
Je n’avais jamais entendu parler de La croisade des Carpates avant de le recevoir. Honnêtement, si le croisement d’époque m’intéressait - un voyage dans le temps me paraît toujours être une perle en devenir - le résumé me paraissait un peu fouillis, d’autant plus que la police blanches entouré de noir sur la quatrième de couverture ne me donnaient franchement pas envie de lire ce dit résumé. Aussi, j’ai ouvert ce livre sans savoir si je devais m’attendre au mieux ou au pire et j’ai commencé ma lecture.
La croisade des Carpates est un livre écrit à quatre mains par une mère et sa fille, exercice amusant dans lequel le lecteur ne peut jamais s’empêcher de se demander qui a écrit quoi… Point plutôt dérangeant pour commencer : ce livre m’a fait douter de mon orthographe à cause de coquilles passées entre les mailles du filets. Par exemple, pendant un instant je me suis demandé si, par un curieux hasard, l’expression « en son sein » s’écrivait réellement avec un « g » à la fin. Problème quelque peu dérangeant quand l'erreur est aussi flagrante. Vanessa et Diana Callico ont un style bien à elles, travaillé, riche. Leur langue est remplie de mots bien français, mais que l’on n’entend pas tous les jours, rendant l’écriture très agréable et amusante à lire. Pour autant, l’écriture ne devient pas lourde ou artificielle, et le lecteur n’a aucun mal à comprendre les images qu'elles cherchent à transmettre. On sent qu’elles se sont amusées en écrivant ce livre – ou tout du moins elles arrivent très bien à nous le faire croire. La dynamique est bien menée, agréable et fluide à la lecture, et les dialogues ne sont pas en reste. Entre humour caustique, langages acerbes, discours politiques ou flirts moyenâgeux, les caractères bien trempés des protagonistes se ressentent dans des dialogues bien écrits. Sortons de la langue pour nous arrêter sur la forme, et félicitons les citations en début de chapitre tirées de La Légende des Siècles de Victor Hugo et ayant un lien sacré, car ces épigraphes sont s'accorde parfaitement avec le récit et le thème pré-apocalyptique. Par ailleurs, nos auteures ont choisi de changer de personnage, d’époque ou de lieu à chaque chapitre : un bon et un mauvais point. Cela a de négatif que, par moments, la multitude de changement de point de vue fait perdre la fluidité de l’histoire – notamment dans les chapitres des politiciens -. On ne peut nier certains avantages cependant, comme ces intrigues en parallèle, cette volonté d'en apprendre un peu plus que les personnages et essayer de savoir où cela va nous mener par exemple. Mais avoir des chapitres un peu plus courts aurait permis de ne pas casser le rythme du récit tout en gardant l’avantage des différents points de vue.
Le premier tiers du livre souffre d’un manque de surprise à cause du résumé qui, malgré de très bonnes idées, rend tout cela secondaire tant l’impression que l’histoire met trop de temps à démarrer se ressent. Mais si le lecteur ne le lit pas, s’il ne sait pas où il va dès le début et s'il se perd un peu dans les changements d’époque, celui-ci ne peut qu’être surpris par les intrigues qui s'amorcent. L’histoire est vraiment originale et, une fois le changement d’époque accompli, elle ne traine pas. On est souvent surpris par les péripéties, ce qui est vraiment agréable pour le lecteur qui se laisse emporter dans ce récit fantastique qui exploite à merveille mythologie, Histoire, religion et symbolisme. On sent néanmoins que ce premier tome est une préparation au reste de la saga à suivre, l'intrigues secondaire étant esquissée tout en étant particulièrement dérangeante. À chaque chapitre sur le conseil des politiciens, Le lecteur se demande où les auteures veulent en venir en travaillant sur l’ébauche d’un nouveau nœud pas assez intégrée au reste pour former une unité. On sent que, sur la maquette de la saga, tout est très bien ficelé, mais dans ce premier tome, il manque un chaînon pour une réelle harmonie. Dommage… Il est également regrettable que la carte du passé et du présent ne soit pas suffisamment exploitée. En effet, si l'on est face à deux apocalypses ayant lieu à des moments différents, alors on aurait pu espérer que les auteurs jouent sur les conséquences des changements du passé sur le présent. Une logique, certes, compliquée, mais qui se devait d'être présente. Une erreur qui m'a personnellement un peu déçue. Les personnages sont très intéressants, charismatiques et, malgré les vices flagrants de certains, on s’attache rapidement à eux et notamment d'Eva qui est une héroïne assez expressive, touchante, dans la manière dont elle a été construite. Les auteurs ont pris grand soin à travailler leur personnalité et identité, si bien que réels et historiques s'entre-mêle sans que le lecteur ne sache finalement plus trop où commence le fantastique et où reprend l'Histoire. En effet, les auteurs mettent en avant le personnage historique du voïvode Vlad III Basarab, prince de Valachie, dit Vlad Țepeș (l'Empaleur) ou encore Drăculea, celui-là même qui inspira Bram Stocker dans la création de son si célèbre vampire, Dracula. Cependant, il est dommage que les auteurs aient modifié ce dernier surnom en Drakul au lieu de respecter l'écriture romaine qui a pourtant une symbolique historique importante. On peut regretter également les relations entre personnages loin d’être très poussées et une évolution un trop rapide de la relation entre Eva et de Drakul, très rarement ensemble, qui n'a pas le temps d’être réellement créée... On remettra en cause le destin ou volonté divine (nous parlons de l'Apocalypse tout de même). Alors espérerons que le prochain tome commence réellement dès les premières pages afin que les protagonistes puissent réellement créer des liens et évoluer ensemble.. Car ici, les auteurs repose finalement ce tome sur une intrigue principale surprenante et originale au détriment - plus que certain - de ses personnages... Un choix qui déplaira à de nombreux lecteurs !
Pour moi, ce premier tome des Sept portes de l’Apocalypse est très prometteur, mais l’intrigue compliquée - qui m’a plu et transporté pour ma part - sera difficilement à la porté de tous. Une plume riche et efficaces, des personnages très intéressant, pour un tome d’introduction, La croisade des Carpates est une excellente surprise, malgré plusieurs faux pas, que je conseille fortement à un lectorat ayant un minimum de culture pour en apprécier l'écriture et le contexte politico-social du XVe siècle. Une lecture que j'ai vraiment adorée.