FOLIES DE MAI
Hervé Baslé
Hervé Baslé
Genre : Contemporain Citation : « D'ordinaire si farouches au contact des humains, les grenouilles et crapauds qui avaient, à la demande de Clément, accepté de se produire en public pour se faire des alliés, mobiliser des combattants pour leur survie. » Présentation de l’histoire : Tannée, petite cité de caractère, peuplée d'esprits fantasques qui vagabondent sur les chemins de la folie ordinaire. Parmi eux, trois hommes vont rivaliser d'audace pour réaliser leurs rêves. Il y a d'abord Clément le marchand de chaussures, prêt à tout pour faire revivre le chevalier du Guesclin. Alfred, le vieux garçon, imagine les nouvelles lois de la galanterie. Quant au discret Émile, l'air de la campagne fait naître en lui des envies de gloire. Mais au royaume des originaux, comment exprimer sa propre fantaisie et aller au bout de son destin ? |
♦ Critique par Bleuenn G.
Je remercie les éditions J.C. Lattès de m'avoir fait découvrir ce livre, très différent de ce que l'on voit habituellement dans les rayonnages des librairies.
Le style d'Hervé Baslé est original, et attire immédiatement l’œil du lecteur qui n'y est pas habitué. Son écriture correspond parfaitement à son histoire, c'est un point positif qu'il faut souligner. Cependant, cela a aussi des désavantages et peut repousser le lecteur. En effet, les phrases peuvent sembler simplistes, en miroir avec les personnages, mais déconcertantes. Si au premier abord, cette plume intrigante peut accrocher le lecteur qui risque de s'en lasser, voire de ne pas aller plus loin que les premières pages. Le vocabulaire peut paraître familier en premier lieu, l'auteur utilisant des expressions de la vie courante, cependant, il ne faut pas se laisser abuser : cet effet est volontaire et le vocabulaire est en réalité très riche. Les longueurs des phrases s'alternent très régulièrement, quoique de longues phrases reviennent fréquemment, mais donnent un rythme très lent au tout, d'autant plus que la dynamique est construite de la même manière. Elle n'est pas mauvaise en soi, au contraire, les événements s'enchaînent naturellement, de façon fluide, nous berce, mais elle endort aussi. Et c'est là tout le problème de l'écriture d'Hervé Baslé. Si les premières pages piquent notre curiosité, il est ensuite bien compliqué de rester attentif. Ce n'est pas le genre de livres que l'on commence et qu'il est impossible de reposer avant la dernière ligne. Au contraire, il faut avouer que la lecture devient même ennuyante, car tout est trop lent, que ce soient les actions ou les personnages. Et si un peu de lenteur est agréable, lorsque c'est trop c'en devient agaçant. Heureusement, les dialogues parviennent à faire sortir de cette monotonie. Rythmés, très réalistes et frappants, ils sont malheureusement le seul vrai point positif. Avouons-le, il est très difficile d'accrocher à un texte aussi lent, pourvu d'une foule de détails inutiles qui, s'ils réussissent à instaurer l'ambiance de l'histoire, freinent véritablement la lecture.
Le résumé est alléchant, promettant une histoire absurde et originale. Les fous ordinaires sont des personnages mystérieux, qui recèlent beaucoup de secrets, mais sont aussi des personnages qui promettent de la poésie. Le roman est divisé en trois parties. La première est consacrée à Clément, la deuxième à Alfred et la dernière à Émile. Leurs histoires sont bien distinctes et peuvent même se lire séparément, bien qu'elles se déroulent toutes dans le même village et qu'on y croise donc les mêmes personnages. Peut-on réellement parler d'intrigue au sujet de ce roman ? Rien n'est moins sûr. On suit le destin de ces trois personnages. Il n'y a pas vraiment de mystères, seulement quelques événements plus ou moins importants. On voit simplement se dérouler la vie de ces trois hommes. Toutefois, alors que l'on s'attendait à voir des hommes fantasques, voire fous, plein de poésie, extraordinaires même, et bien on ne rencontre que trois personnes extrêmement banales. Clément, par exemple, n'est qu'un chausseur pris d'un soudain coup de folie, qui est plus risible que beau ou touchant. Il est difficile, voire impossible de s'identifier à eux, on ne comprend pas bien ce qui les anime. De plus, les personnages secondaires ne semblent faire que de la figuration, ils sont creux et ne sont là que pour mettre en relief les trois personnages principaux. Sans compter que tous ces personnages sont extrêmement grossiers, du coup, toute la poésie s'envole et ne reste que l'incompréhension et l'ennui. Les histoires se déroulent dans un même petit coin de campagne. Un village qui ressemble à tous ceux suffisamment petits pour que tous les habitants se connaissent, alimentent les rumeurs et ragots en tout genre. De ce points de vue-là, l'ambiance est très bien retranscrite. On ressent très bien cette atmosphère particulière, malheureusement, elle est susceptible de rendre mal à l'aise. Malgré tout, il faut admettre que ce roman est vraiment original, que ce soit par ses personnages, par son intrigue – ou son absence –, son ambiance. Toutefois, il est tellement particulier qu'il ne correspond qu'à un lectorat réduit.
Ce livre très particulier ne plaira pas au plus grand nombre. Si je n'ai pas du tout réussi à accrocher à cette lecture, malgré des efforts répétés et une persévérance à toute épreuve, je peux toutefois le conseiller à ceux qui aiment les romans très lents, sans but évident, dont le sens est absurde. Mais je préfère l'avouer, j'ai vraiment été déçue, moi qui attendais une œuvre pleine de poésie.