Fantasy mythique Genre : Citation : « Leurs hurlements déchirèrent l'air. Puis s'affaiblirent. Roche, bois et membres écrasés se mêlaient dans une mare de sang que le sol stérile refusa de boire. » Présentation de l’histoire : Bah-Lor ou Balor était dans la tradition celte un dieu de la mort doté d'un seul œil. Il fallait quatre serviteurs pour en soulever la paupière et lorsqu’il était ouvert, il tuait quiconque le regardait, aussi Balor le gardait-il le plus souvent fermé. Ainsi Balor marchait-il dans la nuit. Bah-Lor marche dans la nuit. Il ne sait pas qui il est, ni ce qu'il est. Il n'ose même pas se demander où il va. Mais un jour, il ouvrira les yeux et ce jour là pourrait bien être le dernier. |
♣ Critique de Maud G.
Après avoir été charmée par le premier tome qu'était Bronius, c'est avec un certain engouement que je me suis attaquée à la suite. Je remercie encore l'auteur qui a fait confiance à Histoires de Romans pour lire et critiquer ses romans, mais encore plus, je la remercie de m'avoir permise de découvrir un récit au delà de tout ce que l'on peut trouver d'ordinaire en matière de fantasy.
On retrouve la plume simple et légère que l'on avait tant aimé dans le premier volet, bien que la fluidité ne soit pas tout le temps au rendez-vous. Des maladresses se baladent à travers l’emploi de mot de vocabulaire "modernes" qui n'ont pas leur place dans un récit qui se veut assimilable à l'époque gallo-romaine, la dynamique a perdu en maîtrise et en intensité, le rythme se fait moins harmonieux... On a véritablement l'impression que le texte a été écrit ou retravaillé longtemps avant celui du premier tome ; aussi, j'ai personnellement préféré ce dernier. L'auteur joue avec la patience et la concentration du lecteur en jouant avec des effets de redondance jusqu'à pousser le vice à réécrire presque exactement les mêmes passage d'une scène à l'autre : un pari risqué, mais qui participe tant à la dimension du récit, à l'ambiance pesante et à cet enlisement de l'histoire... Les dialogues se font moins nombreux, mais toujours efficaces ! Mais impossible de s'habituer à cette présentation théâtrale des dialogues en langage signé et d'autres lecteurs, comme moi, risquent de ne toujours pas adhérer.
L'histoire reprend vraiment là où le premier tome nous l'avait laissé et quel plaisir de retrouver cet univers d'inspiration historique et ces personnages haut en couleurs qui nous avaient tant charmé. Les protagonistes, qui nous sont devenus tant familiers, sont toujours au rendez-vous et c'est avec intelligence que de nouveaux viennent enrichir le récit tout en apportant pour certain une dose d'humour supplémentaire, d'autres leur prestance si appréciable... Et je vise ici principalement Chaldaric, probablement le personnage coup de cœur de ce second volet ! Notre héros, bien que décidé à s'impliquer au mieux, reste le personnage typique de la tragédie, victime de son destin que le sort semble avoir décidé à sa place. Le décor est posé de manière un peu plus poussée pour mieux participer à l’atmosphère pesante qui domine, mais sans pour autant encombrer le récit de détails superflus. Dans cette suite, l'auteur joue volontairement la carte d'une intrigue cyclique. La tension est palpable, le récit semble s'enliser, ne pas avancer, tourner en rond... le lecteur aussi, au point de se demander quand une solution parviendra à se goupiller. Aussi, le dénouement tombe comme masse ! La chute du récit apparait alors comme une évidence, comme la seule solution... Le lecteur est pris de court. La fin est une véritable claque qui nous marquera encore longtemps.
Bref, avec Bronius et Bah-Lor, Phoebe nous offre une œuvre de fantasy mythique qui vaut vraiment le détour. Et en réactualisant des codes de la tragédie grecque, elle parvient à nous offrir un récit original, différent de ce que la littérature de l'imaginaire nous avait habitué. Les deux titres se suivant comme un seul et même récit, je recommande fortement de les lire directement l'un après l'autre, pour ne pas perdre la progression et l'intention de l'histoire. Un roman à découvrir sans hésiter !