Genre : Heroïc Fantasy Citation : « Il ne faut pas de courage pour mourir… En revanche, il en faut pour vivre. » Présentation de l’histoire : Le Roi de Drenaï a été assassiné. Une armée d'envahisseurs déferle sur le pays, avec pour mot d'ordre de tuer hommes, femmes et enfants. Mais tout espoir n'est pas perdu. Il repose sur les épaules de celui que la nation surnomme Waylander. Seul, il va s'aventurer en territoire nadir pour retrouver la célèbre Armure de Bronze, symbole de liberté. Mais peut-on faire confiance à ce Waylander… ? Après tout, c'est lui qui a assassiné le roi. |
♦ Critique par Thomas D.
Je considère David Gemmell comme un génie, ou du moins comme quelqu‘un qui ose là où d'autres non... L'heroïc fantasy est un genre qui nous offre du vu et du revu, même si certains livres prennent des chemins plus libres et plus tortueux... Pourquoi donc un génie ? Tout simplement parce qu‘il n'oublie pas que l‘homme et la femme sont des êtres humains. C'est une évidence magiquement vrai, pourtant même de grands auteurs mondialement reconnus, au style déjà pourtant si vivant et vrai, l'oublient...
Le style est agréable et travaillé. La dynamique est parfaitement bien utilisé et s'harmonise avec un rythme correcte, mais un peu maladroit, qui aurait parfois demandé un peu plus de tenue pour certaines scènes. On pourrait reprocher à l'auteur son langage parfois bien trop présent, où s'accumulent alors des insultes lancées à tout va. Même si les dialogues restent vivants et recherchés, croiser le mot "connard" pour la dixième fois devient très vitre redondant à la longue. Un dernier détail pour rajouter un défaut important. L'auteur donne parfois trop d'importance à des pensées qui s'étalent, se rallongent et s'enlisent inutilement... Un personnage peut parfois passer de longues pages devant un feu de camp à réfléchir sur le futur ou le passé et à se contredire. Bien que cela soit le propre même de l'homme, décrire de telles scènes, à la manière de Gemmell, est parfois un poids pour le texte et le lecteur ne devrait pas avoir à sauter des lignes lorsque la pensée devient trop encombrante et fatigante. Ensuite admettons le : l'univers de Gemmell est violent, immoral et cru... Et il ne plaira guère aux gens qui gardent tabou ce type de lecture. Mais je pense que c'est cela qui fait la richesse de Waylander, à savoir que l'auteur met fin à l'idéalisme de l'heroïc fantasy dont nous étions habitués : le bien vainquit le mal. Ici, l'un et l'autre n'existent point... Seuls comptent la survie et l'ego, même si beaucoup de personnages refusent de le dire ouvertement, Car à première vue, Wavlander semble être un être abject, dénué de scrupule, qui va se rendre compte de ses erreurs ; il n'en est rien...C'est un homme.
Concernant l'histoire, bien que le titre se rattache au nom du personnage principal, mais ce n'est pas la masse qui évolue autour de lui, mais bien lui qui tente, du mieux qu'il peut, d'évoluer dans la masse. Il est un homme parmi d'autres hommes qui ne sont aucunement oubliés. Même si l'auteur se plonge dans leur esprit le temps de quelques pages avant que la mort ne plante ses griffes dans le tréfonds de leur âme, il les dote d'un passé, d'un caractère, d'une vie, d'envies, de défauts et de qualités. Le héros n'est point un surhomme, car dans chaque combat, il ne doit sa survie qu'à son expérience, sa maitrise de l'exploitation du terrain et du positionnement de ses adversaires. Et s'il le peut, il frappera dans le dos. La loyauté ? Stupide idée qui n'existe point. Malgré ce que l'on veut faire croire, l'homme reste l'homme. Et même les femmes, aussi belles soient-elles, résistent difficilement à ce mode de vie, et si dans l'heroïc fantasy celles-ci sont très souvent créature fragile ou guerrière mâtant même le plus hardi de l'élite masculin, ici elles retrouvent cette place féminine qui les empêchent de s'opposer à un homme armé sans pour autant les rendre fragiles, car elles aussi luttent également pour leur survie et n'hésitent pas à user de techniques qui leur sont propres pour garder leur vie en état. L'intrigue est particulièrement prenante et l'ensemble des décors et de l'environnement qui composent l’univers participent efficacement à l'ambiance.
En bref, un très bon livre dont la qualité aurait probablement été ébranlée si ce style était plus fréquemment utilisé dans l'heroïc fantasy. Mais comme ce n'est pas le cas... Lancez-vous.