Ena Fitzbel UN MANOIR POUR REFUGE
Fantastique Genre : Lectorat : Adolescent Citation : « J'aimerais bien savoir pourquoi mon rêve ne s'est pas déroulé comme d'habitude. Depuis un peu plus de deux ans, chaque fois que je m'endors, je me retrouve dans la peau d'Elsa, une étudiante londonienne qui rend visite à sa meilleure amie en Écosse . » Présentation de l’histoire : Élève au lycée français de Prague, Mila vit chez sa grand-mère depuis la disparition de ses parents. Chaque nuit, elle fait ce rêve étrange et rassurant d’un manoir perdu au fin fond de la lande écossaise. Elle y retrouve une amie chère à son cœur et rencontre Kenneth, un mystérieux jeune homme dont elle tombe amoureuse. Un jour, lors d’un atelier de dessin-écriture, Mila révèle à sa classe l’existence du manoir. Le soir même, se trouve bouleversé le rêve qu’elle croyait immuable : elle découvre que ses camarades du lycée se sont glissés dans la peau de nouveaux domestiques. Mila doit se rendre à l’évidence : son rêve n’est pas comme les autres. Les frontières entre fiction et réalité finissent par se brouiller : alors qu’une domestique est assassinée au manoir, une camarade de classe ne se réveille plus… Mila est cependant loin d’imaginer la véritable nature de ce qui pourrait devenir un vrai cauchemar. Commence alors une course contre la montre pour échapper à l’emprise du manoir, mais Mila ne sait si elle pourra se résoudre à abandonner Kenneth… |
♦ Critique par Émeline A.
Je remercie l'auteur, Ena Fitzbel, grâce à qui j'ai découvert ce roman par le biais d'Histoires de Romans. Lorsque je l'ai reçu, j'ai été très attirée par le château de la couverture. L'ambiance créée donne envie de lire et le résumé est lourd en promesses.
J'ai beaucoup apprécié le style d'écriture de l'auteur qui mêle à une plume assez adolescente, à l'image de l'héroïne, une touche assez poétique. Cependant, il semble que l'auteur est peu à l'aise avec cette écriture adolescente qui est particulièrement forcé dans le prologue. Les dialogues sont nombreux et certains sont réellement superflus. D'une manière générale, le vocabulaire est simple et accessible à tout le monde. Il est aussi bien adapté aux scènes, et je n'ai pas remarqué de répétitions flagrantes. Le roman oscille entre le langage familier quand les personnages se parlent, et le langage courant pour les descriptions. Ceci permet au mots de coller à la fois aux personnages et à l'époque sans en faire trop. C'est une qualité honorable qu'on peut reconnaître à Ena Fitzbel. Les points de vue s'alternent, mais c'est celui de Mila qui revient le plus souvent. Si ce choix permet d'avoir une vision d'ensemble, il gâche le côté découverte de l'intrigue. Notons que l'un des personnages est belge, ce qui nous permet de découvrir un grand nombre d'expressions quand il prend la parole. D'un autre côté, devoir regarder sans cesse les notes en bas de page pour être certain de comprendre ce qu'il veut dire est rapidement usant. L'auteur aurait peut-être dû ne pas en mettre autant pour conserver le charme. Enfin, il faut signaler que l'histoire est narrée au présent, choix risqué et étrange au début, mais on finit par s'y habituer même si sont emploi n'apporte aucun intérêt particulier, aucune impact qui pourrait le justifier. Mais il n'est pas dérangeant à la lecture.
D'après le résumé, j'avais l'impression que l'intrigue serait formidable. Plusieurs choses, qui sont dites sur la quatrième de couverture, n'apparaissent pas explicitement dans le début du récit - notamment le fait que Mila fait un rêve particulier ou que ses parents sont disparus. J'ai trouvé cela réellement embêtant, et c'est vraiment une grosse erreur de l'auteur. Un résumé est un résumé, pas un complément ! Nous ne devrions pas avoir besoin de le lire pour tout comprendre ! De ce fait, l'intrigue est mal posée. Elle commence directement au moment où la lecture de la nouvelle de Mila est faite. Pourtant, le récit débutait bien et montait en intensité, donnant envie au lecteur de savoir ce qui allait se passer, car l'auteur a d'excellentes idées de base qui auraient pu donner un roman extraordinaire. Malheureusement, ces idées ne sont pas du tout exploitées, ce qui donne un résultat très loin de nos attentes et des promesses faites par la quatrième de couverture. Malgré cela, l'histoire parvient à nous réserver des surprises jusqu'à la fin. Et la frontière entre rêve et réalité est bien faite. Pour un roman de cette taille, les personnages importants sont inutilement trop nombreux, d'autant plus qu'ils ont deux personnalités : celle dans la réalité et celle du rêve qui, bien que présentant des similitudes, diffèrent assez significativement. C'est une idée originale mais le soucis est que ces personnalités sont, dans les deux cas, survolées rapidement et pas développées. Au final, les personnages sont plats, ce qui est une nouvelle déception quand en plus certains sont particulièrement clichés. L'univers est assez intéressant et j'ai trouvé amusant que ce monde parallèle soit un manoir. Il est intrigant, plein de surprises, et permet la création d'une ambiance plaisante. Mais Ces qualités sont ternies par le manque d'explications tout au long du roman et qui semblent être jetées au hasard. Tout n'est pas facilement compréhensible, c'est lassant. L'auteur aurait vraiment du prendre le temps d'une sérieuse relecture-réécriture pour poser les informations convenablement.
Un manoir pour refuge est un roman avec une certaine originalité et un vrai potentiel qui n'ont pas du tout été exploités à leur juste valeur : c'est vraiment une déception pour moi. Aussi, je ne peux le conseiller qu'aux lecteurs qui pensent que les points négatifs évoqués ne les gêneront pas.