Genre : Thriller psychologique Citation : « Il examine les vieilles traces de coups qui zèbrent son dos. Des cicatrices anciennes qui ne sont jamais entièrement effacée. » Présentation de l’histoire : Vingt ans après avoir purgé sa peine à Rédemption, camp de redressement pour mineurs, Peter Shepard renoue avec son passé comme on reçoit un coup de couteau en plein cœur. Le brillant avocat d'affaire de San Francisco pensait avoir tiré un trait définitif sur ce sinistre établissement où régnaient brimades, humiliations et sévices. Le meurtre de sa famille lui fait douloureusement retrouver la mémoire. Quelqu'un cherche à lui faire goûter une nouvelle fois à l'enfer de Rédemption. |
♦ Critique par Capucine G.
Ce n'est pas avec Retour à Rédemption que j'ai découvert Patrick Graham, mais c'est sans aucun doute l'un de ses romans que je préfère. Si vous voulez découvrir ce romancier, je vous conseille de débuter avec ce roman.
Quand on ouvre Retour à Rédemption, quelque chose ne va pas. L'auteur a un style particulier, qui fait que l'on n'accroche pas nécessairement quand le banal et le lyrisme se mêlant au grotesque. Pourtant, le lecteur est happé et n'a d'autres choix que de participer au récit et de devenir un voyeur. Le rythme bien maîtrisé des phrases l'oblige à suivre les angoisses, les pensées du personnage. Et si les phrases longues vont marquer l'habitude, les phrases plus courtes, très brèves, marquent au contraire une rupture dans le paysage. Les phrases semblent être construites de manières à desservir le récit qui souffre de longueur. Mais le choix de l'emploi du temps au présent est très bon et nous donne un récit qui vit. Le vocabulaire est particulièrement varié et lorsque le lecteur suit le héros adulte, les mots sont pesés, réfléchis, ceux d'un homme d'un certain âge. Par contre, lorsqu'il se retrouve avec le héros adolescent, le style devient plus familier, voir vulgaire, avec des dialogues qui sont aussi beaucoup plus présents, laissant à peine de place à la narration. À vrai dire, la narration intervient essentiellement pour créer une ambiance le plus souvent malsaine et qui met mal à l'aise. Heureusement, ressort quelque fois parmi l'horreur une note de lyrisme qui permet au lecteur de souffler, de sourire, de garder de l'espoir. Pour mieux le perdre.
Retour à Rédemption n'a que peu d'action au final. On suit le héros enfermé dans un centre de redressement dirigé d'une main de fer par un pasteur. Dès que le lecteur se retrouve enfermer avec le héros dans le centre, il voit le mot secte surgir dans son esprit. L'alternance entre les flash-back relativement long et l'enquête que le héros adulte mène peut dérouter certains lecteurs. Il en va de même pour les nombreuses ellipses. Il est difficile au début de voir où l'auteur veut en venir. Le lecteur assiste essentiellement à des scènes de vies, parfois heureuses, parfois malheureuses. Cependant depuis le début, l'auteur ne fait que nous tenir en haleine, nous préparer psychologiquement à l'horreur et nous faire ressentir les décors insalubres, l'ambiance malsaine qui règne. Et puis, un déclic apparaît brusquement, le roman très lent jusque-là, devient très rapide, tout s’enchaîne et le lecteur assiste à un crescendo d'horreur. La torture se fait de manière physique, mentale, mais aussi sexuelle. Le roman est très dur, choquant, les termes utilités sont crus, voir vulgaires, mais cela se sent que l'usage d'un tel vocabulaire n'est là que pour rendre les scènes plus réalistes. Et puis la fin des flash-back arrive, elle sonne comme une libération à la fois pour le héros et pour le lecteur. Du moins c'est ce que l'on pense, il y a toujours ce sentiment de malaise qui reste. Ce roman dérange, ce roman attire, car il fait écho à notre réalité. Sans tomber dans le stéréotype, il est très aisé d'imaginer la petite ville américaine de campagne qui entoure le centre. Le titre pourrait faire penser qu'il y a un écho religieux présent dans le roman, mais il s'efface au profit de la secte. L'institution religieuse n'est présente que dans la propagande des dirigeants de Rédemption. Elle sert surtout à justifier leur acte et étant donné que le lecteur suit le héros, il est difficile de dire que la religion est vraiment présente au sein de l’œuvre. Ce roman fait par contre référence à Peter Pan à travers une référence explicite à travers les noms : Peter et Wendy qui sont les protagonistes principaux ou encore Les Enfants Perdus qui est le nom du groupe d'amis qui se forme assez rapidement. Le personnage qui propose l'idée évoque d'ailleurs cette œuvre. La référence se fait aussi à travers l'évolution des personnages. Au début de leur vie, ils ne sont que des enfants, mais on les a fait tomber dans la déchéance et ils sont arrivés à Rédemption. Pourtant il reste des enfants, jusqu'à ce qu'on leur enlève ce droit...
Bref, Retour à Rédemption ne laisse pas les lecteur sans réaction, aussi je ne le conseille pas à tout le monde car c'est un roman dur par l'angoisse, le dégoût, la tristesse, etc. qu'il véhicule. Si vous aimez les thriller et notamment les romans de Stephen King, ce livre devrait sans aucun doute vous apporter beaucoup de plaisir.