Genre : Contemporain Lectorat : Jeunesse Citation : « Mes parents ne sont ni mauvais ni racistes, je le sais. Un peu lâches, sans doute. Mais je ne suis pas sûr de m'être montré très courageux cet après-midi, au CDI. » Présentation de l’histoire : Le petit train des quatrièmes s'est formé. Je frappe à quelques dos au hasard. — Eh ! Les gars, vous avez vu ? Chanthou et Mali et Tamara et Mahmut et... vous les avez vus, dans le minibus? Ils sont virés pour de bon... hé ! Vous m'écoutez ? Pas seulement du bahut. Virés de chez nous. De la France, de la Gaule, de l'hexagone, du territoire national... la patrie ! Vous n'avez pas vu ? Ils n'ont pas vu. |
♦ Critique par Bleuenn G.
Je remercie les éditions Nathan et Histoires de Romans pour la découverte de ce petit roman pour enfants.
L'écriture reste assez sobre, sans toutefois tomber dans le simpliste. La lecture est en tout cas très fluide et accessible. Le style de Lorris Murail correspond tout à fait au public visé, les pré-adolescents d'une dizaine d'années, qui lira ce roman très facilement. Le vocabulaire, riche, est bien utilisé et mélange des mots familiers avec des termes plus soutenus, ce qui donne un résultat particulièrement intéressant et qui fonctionne parfaitement. Les collégiens se retrouveront dans les mots qu'ils emploient quotidiennement tout en apprenant de nouveaux mots plus recherchés. Les dialogues sont bien placés et très vivants, ils correspondent bien à l'âge des personnages et ils parleront facilement aux collégiens. Ce roman est écrit au présent, ce qui se révèle un bon choix. Le rythme comme la dynamique sont bien gérés.
L'intrigue est vraiment intéressante et éducative. Le lecteur suit Arno, jeune collégien de quatrième. Dans sa ville, certains habitants veulent expulser les étrangers du collège : Arno, qui a un faible pour une cambodgienne, s'indigne. Le thème principal est donc très actuel : les relations entre les « français » et les immigrés, le racisme ambiant et l'intégration. On retrouve ces thèmes assez dur à travers les yeux d'un enfant, ce qui parle donc davantage à des lecteurs du même âge. L'angle choisi pour aborder ce thème peut paraître classique au premier abord, mais l'originalité se distingue petit à petit, jusqu'à la découverte finale. Mention spéciale pour cette fin, qui se révèle particulièrement intéressante et qui fera réfléchir les lecteurs. L'histoire est bien traitée, il n'y a pas de temps mort. Peut-être seulement l'auteur aurait pu la développer davantage, s'attarder plus longuement sur certains passages ou ajouter quelques péripéties. Car le lecteur, même collégien, en veut davantage, une évolution de l'intrigue peut-être moins abrupte et plus approfondie. Les personnages restent très peu développés, et Arno représente surtout un collégien lambda qui pourrait être n'importe lequel des lecteurs. Du coup, l'identification à Arno est facile. Cependant, il lui manque tout de même une personnalité plus marquée. Les autres personnages ne se démarquent absolument pas et le lecteur ne retient aucun nom (à l'exception peut-être de celui de Chanthou). C'est dommage, mais comme ce n'est pas l'objectif de ce roman qui veut une portée plus générale, on pardonne.
Je conseille vivement ce livre à tous les collégiens. Lundi, couscous traite d'un thème actuel et important, dont les adolescents doivent avoir conscience. La lecture est facile et l'intrigue intéressante, même si j'aurais aimé davantage de développement.