Genre : Fantasy holmésienne - Enquête Citation : « Mon client indécis était un homme à en juger par sa tournure. Cependant, il avait la taille fine et légère des elfes et, ce qui ne manqua pas de me frapper, la pâleur d'un lunaire. » Présentation de l’histoire : Evrahl, nain et médecin, a perdu toute sa famille lors de la guerre des Vingt Lunes. Décidé à les venger, il se rend à Lunargent, cité royale de Mortelune, pour y comploter l’assassinat du roi Torn, responsable à ses yeux de la mort des siens. S’installant au coeur de la cité, il partage le logement d’un étrange personnage. Listak, demi-lunaire brillant et excentrique, possède des dons d’observation et de déduction hors du commun. Une relation d’amitié se noue peu à peu entre les deux colocataires, mais Listak s’avère être un proche du roi Torn. Les choses se compliquent encore davantage lorsque le souverain demande à Listak d’éclaircir les menaces qui pèsent sur lui. Pris entre deux feux, Evrahl devra choisir entre son désir de vengeance et son amitié naissante, tout en échappant à une enquête qui se rapproche de plus en plus de lui… |
♦ Critique par Maud G.
En amatrice du célèbre personnage de Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes, je me devais de lire ce pastiche holmésien à la sauce fantasy, dont la couverture signée Michel Borderie est assez représentative de ce qui nous attend. Je remercie les éditions Lokomodo pour cette découverte.
Dès les premières lignes, le style de l'auteur marque par son travail et sa justesse. Agréable, le texte affiche une bonne dynamique textuelle, particulièrement fluide, mais montre quelques maladresses de rythme qui tendent, hélas, à ralentir la narration. Le vocabulaire est riche et sait rester toujours accessible soit par le choix des mots soit par le contexte dans lequel ils sont introduits. Les dialogues sont peu nombreux, mais l'efficacité qui les définit ne fait pas ressentir la moindre sensation de manque, la manière dont ils participent à l'ambiance, au suspense et desservent les personnages les rendant cruciaux à l'intrigue et l’atmosphère du roman. Les descriptions sont assez mal intégrées à l'histoire, car occasionnent des pauses dans le récit au lieu d'être inscrites dans la continuité de l'action... La narration en point de vue interne est bien choisie, car permet une très bonne immersion au cœur des faits sans pour autant tout dévoiler au lecteur. Et avant de passer à l'histoire, il est intéressant de parler de la longueur du livre - tout de même six-cents cinq pages -, qui laisse cette impression mitigée que le roman est beaucoup trop long, mais, pour autant, aucun élément ne nous semble nécessaire d'être occulté, si ce n'est les plusieurs passages rébarbatifs reprenant ce qui a déjà été dit.
L'histoire, donc, s’inspire du célèbre Sherlock Holmes et de son acolyte, le docteur Watson dans la manière d'aborder les personnages et de bâtir le canevas de l'intrigue. Mais si celle ci en garde le caractère d'enquête, la réutilisation dans un contexte d'univers de fantasy permet de donner plus de richesse à l'ensemble et de pouvoir aborder nombreux thèmes plus en rapport avec l'imaginaire et l'époque à mi-chemin entre Moyen-Âge et Renaissance. L'ensemble des personnages est très bien construit, utilisé avec justesse et les protagonistes nous rappellent, bien évidemment, ceux de Conan Doyle, cependant l'auteur parvient brillamment à se les réapproprier et en faire des personnages originaux par leur personnalité et caractère. Le récit est conté par le personnage d'Evrahl - le procédé n'étant pas sans rappeler celui employé par Conan Doyle -, mais s'il montre tout son intérêt quant à l'immersion du lecteur dans l'histoire, il révèle, hélas, une part des certitudes et de l'issue finale du livre, empêchant une certaine surprise au moment du dénouement... Dommage. Toutefois, la diversité des évènements qui s'entrecroisent nous laisse de bons moments de suspense et de doute, nous permet de nous questionner quant aux révélations de l'enquête. Enfin, l'environnement du livre et ses décors nous offrent le tableau d'un univers unique, très bien pensé et décrit suffisamment pour nous le représenter parfaitement, sans trop de détails pour nous permettre d'y apporter notre propre vision. Et une fois les pages avalées, on a vraiment envie de poursuivre l'aventure !
À ceux que les longs romans rebutent, sachez qu'il s'agit ici d'un premier tome dont les suivants comptent autant - si ce n'est plus - de pages. Cependant, Les Lunes de Sang est un bon roman de fantasy dans l'esprit holmésien, bien travaillé et à l'histoire prenante qui ne manquera pas de charmer les lecteurs. Laissez-vous embarquer !