Genre : Réaliste, Science Fiction Lectorat : Adulte Citation : « Tim quitta la grande route. Son corps tremblait. Il lui avait fait savoir, cinq minutes plus tôt, que la marche s'était terminée » Présentation de l'histoire : Tim Farnsworth a tout pour être heureux : une femme suoerbe, un travail passionnant dans un grand cabinet d'avocats et une fille adorable malgré les affres de l'adolescence. Pourtant, un jour, il se lève et s'en va. Victime de crises durant lesquelles il perd totalement le contrôle de ses jambes, Tim marche à travers New York jusqu'à épuisement, obligeant son épouse Jane à partir à sa recherche dans les endroits les plus improbables. Spectateur impuissant de ce piratage mystérieux de sa chair, Tim est prêt à tout pour épargner son entourage de la folie qui le guette – même à la solitude. |
♦ Critique par Émeline A.
La quatrième de couverture du Pied mécanique annonçait un bon moment de lecture, je dois donc dire avoir été curieuse en débutant ma lecture. Je remercie Histoires de Romans et J.C Lattès de me l'avoir fait parvenir.
Le style de Ferris est particulier. Il fait partie de ces auteurs qui, tout en restant dans quelque chose de relativement classique, arrivent à insuffler leur touche personnelle. Cela passe autant par l'enchaînement des phrases que la précision des mots. Si cela indique un certain talent, tous les lecteurs ne seront pas forcément convaincus. Cette manière d'écrire peut lasser, voire empêcher d'adhérer à l'intrigue. En effet, on remarque en lisant un manque de descriptions (que ce soit au niveau des sentiments des personnages ou des lieux). Il s'accompagne de dialogues parfois superflus, donnant envie de mettre le livre dans un coin. C'est dommage puisque d'autres sont parfaitement pensés. L'histoire se focalise sur trois personnages-: Tim, sa femme et sa fille. Cependant, la grande majorité est portée par le point de vue de Tim. Ainsi, le livre perd une partie de son intérêt potentiel. En savoir plus sur les autres membres de sa famille aurait été intéressant, et aurait pu empêcher les quelques longueurs. En effet, le dynamique n'est pas le point fort de ce roman : le lecteur a le temps de s'ennuyer. Du côté des temps, c'est une fois encore une déception. L'auteur reste dans de banales imparfait et passé simple, là où un présent aurait permis de donner plus de vivacité au récit. La mise à distance qui en résulte ici ne contribue pas à susciter l'intérêt.
L'histoire promettait une réflexion intéressante. Dans un sens, elle respecte les attentes et pose des questions fondamentales : que faire quand le corps prend le contrôle sur l'esprit ? Quelles peuvent être les conséquences d'une telle maladie ? Le soucis est dans leur développement. La base est immédiatement – et bien – posée. Le reste l'est nettement moins. Il n'est pas totalement ennuyeux, certains chapitres restent plaisants. Cependant, globalement, l'histoire part dans tous les sens et semble écrite sans que l'auteur n'ait réfléchi. De ce fait, la réflexion elle aussi perd son attrait. Quant à la fin, elle apparaît comme une évidence – ce qui n'est pas mauvais. On reconnaîtra au moins que le roman échappe aux clichés et sort de l'ordinaire. En revanche, l'ambiance fait partie du positif. Elle est à la fois particulière est indéfinissable, pesante et froide. En ce qui concerne les personnages, il faut les considérer sous deux angles. Sous le premier, il convient de noter qu'ils échappent aux clichés, qu'ils sont originaux, et qu'ils semblent plutôt réalistes. Sous le deuxième, on remarque rapidement qu'ils ne sont ni attachants, ni réellement développés. Dans un roman où leur développement psychologique suffirait à sauver une intrigue pauvre, ceci est triste. Pire encore, c'est le personnage principal qui a le moins de personnalité.
Pour conclure, il s'agit d'un roman qui brise les attentes, mais il n'est pas pour autant dénué d'intérêt, c'est pourquoi je ne le déconseille pas. Cependant, mieux vaut le réserver à un lectorat averti.