Médiéval-fantastique Genre : Citation : « Quand la lune est pleine, une malédiction me force à commettre mille vilenies qui me font honte, haleta-t-il soudain. C'est pour me punir. Elle m'oblige à me conduire comme jamais ne le ferait un paladin. » Présentation d 'histoire : Gilles, un jeune écuyer dont le maître vient de mourir lors d'une joute, est contraint de servir le vainqueur, un terrible chevalier à l'armure rouillée et couverte de sang. D'après les rumeurs, un sort fâcheux aurait été jeté à cet homme : chaque pleine lune, il est comme possédé par le diable et dévore des enfants. La formule permettant de briser cette malédiction se trouve dans un grimoire caché dans le château de Niel, gardé par une redoutable sorcière et son armée. Mais personne, jusqu'à présent, n'est ressorti vivant de ce manoir maudit... |
♦ Critique par Émeline A.
Le manoir des sortilèges est un roman que j'ai reçu grâce au partenariat entre Histoires de Romans et les éditions du masque. La quatrième de couverture annonçait "Un roman d'aventure mêlant superstition, cannibalisme et sorcellerie au Moyen-âge". Il n'en a pas fallu plus pour éveiller ma curiosité.
Quand j'ai commencé à lire, j'ai tout de suite été gênée par la police d'écriture, bien qu'assez classique, en apparence. Heureusement, cela ne m'a pas empêché d'apprécier la plume de Serge Brussolo, fluide et dont on sent la signature derrière les phrases qui s'enchaînent rapidement. Il écrit avec des mots simples, de manière efficace et plaisante. Le rythme, en revanche, pose problème. Curieusement, et contrairement à la majorité des romans, il est bon dans le premier quart du livre et s’essouffle par la suite, le risque étant que le lecteur finisse par s'ennuyer à la fin, et la dynamique est inégale. Le vocabulaire est tout à fait adapté à l'époque et aux personnages. Même si l'auteur utilise la troisième personne, l'aventure est narrée du point de vue de Gilles, choix prévisible qui nous permet de nous rapprocher du héros. Cela étant, peut-être qu'alterner les points de vue des différents protagoniste aurait été une idée judicieuse à exploiter afin de permettre à l'intrigue de gagner en intensité. Les dialogues sont bien dosés et indispensables dans leur emploi, car c'est à travers eux que nous pouvons nous faire une idée des autres personnages.
L'intrigue est mise en place de manière très progressive, mais elle est très bien préparée et bien menée jusqu'à la fin. La quête du chevalier pour se délivrer de sa malédiction n'est pas ce qu'il y a de plus originale, mais il en ressort un récit palpitant aux notes d'épopée moyenâgeuse. Les rebondissements tombent toujours au bon moment pour relancer l'histoire, mais le problème vient des sous-intrigues qui font pâle figure et des péripéties peu réalistes qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Elles gâchent en partie l'énorme potentiel du roman et c'est vraiment dommage. Heureusement, la fin est réellement surprenante ! Parallèlement, il y a peu de personnages et il est triste de constater qu'ils n'ont pas de personnalité développée. Si Gilles est un héros attachant et peu commun, les autres personnages ont une psychologie vraiment limitée. Enfin, l'histoire se déroulant au Moyen-Âge, le moins que l'on puisse attendre et se trouver face à un environnement et un contexte historique exploité et travaillé ; passez donc votre chemin, car cela n'a absolument pas été le cas. En effet, les références à cette période, passé le premier chapitre, sont inexistantes.
En bref, le Manoir des sortilèges est un roman au véritable potentiel et à l'intrigue originale qui n'ont pas été poussés jusqu'au bout, et j'en suis la première désolée. Il plaira cependant aux lecteurs peu regardants ou pour une lecture sans prise de tête.