Genre : Récit de vie autobiographique - Littérature tout public Citation : « Faire disparaître leur corps dégoûtant serait un jeu d’enfant : j’en ferais des confettis avec mes ciseaux. » Présentation d 'histoire : Cécile, six ans, n’a pas sa langue dans sa poche. Elle vit avec ses parents et sa grande sœur Fanfan dans la coopérative PLM de la commune des Larmes, en Côte d’Or, un village triste dans lequel il n’y a ni cimetière ni fontaine pour dire « Je ne boirai pas ton eau ». Avec tendresse, humour, et parfois une certaine gravité, la petite décrit ce qu’elle découvre et ce qu’elle devient, de surprises en épreuves. |
♦ Critique par Nathalie Pi.
La Reine du découpage est le premier livre de la collection Traces des éditions de la Rémanence que j’ai lu dans le cadre du partenariat avec Histoires de Romans. N’étant normalement pas très friande de récits autobiographiques, je dois dire que j’ai été très surprise par cette lecture.
Si le style d’écriture se fait enfantin pour coller à la narratrice qui n'a que six ans au début du livre, le texte n'en est pas moins vraiment mature et plein d’humour. La dynamique et le rythme sont bien en place, mais souffrent de quelques trous et sauts dans le temps parfois un peu trop brutaux. Roman autobiographique, on se trouve face à une narratrice qui ne peut - et c'est normal - se souvenir de tout, venant entretenir cette impression d'authenticité qui ressort du roman. Les quelques dialogues sont toujours des discussions entre Cécile et ses amis ou des personnes de sa famille et à aucun moment on ne trouvera d'échange entre personnage si elle n'est pas l'un des interlocuteurs. Le vocabulaire est adapté au personnage qui a, cependant, la langue bien pendue. Le point de vue permet au lecteur de totalement s’immerge dans la vie de cette petite fille que le temps du récit au présent sert avec pertinence.
L’intrigue prend du temps a se mettre en place pour ne finalement devenir vraiment intéressante dans les cinquante dernières pages. On suit Cécile de ses six ans à ses quinze ans, la première partie étant plus accès sur sa vie de famille et la seconde sur ses fréquentations, mais toujours en gardant en ligne directive sa relation avec le monde qui l'entoure. Le découpage en lui-même n’est pas forcément original et explore un schéma assez classique de l'évolution de l'enfance, mais ici c'est plus particulièrement dans les thèmes qu'il exploite et les nombres références disséminé dans l'histoire qui fait toute la différence, notamment qu'une petite fille souhaite devenir auteur d'oraison funèbres. Le choix du roman autobiographique est très pertinent, car il permet aux lecteurs d'être vraiment dans la tête de cette fillette et de pouvoir imprégner de l'atmosphère des années 50. L’évolution de la narratrice et de ses amis, mais surtout son développement psychologique sont plutôt bien exploités. Cependant, il est dommage que les autres personnages aient été volontairement laissés de côté, car il aurait pu élargir le champs de vision donné aux lecteurs, même si cette stratégie permet de se concentrer intégralement sur Cécile. Une des thématiques récurrentes de ce roman est celle de la perception de la mort chez les gens du voyage, notamment à travers l'une des amies de Cécile qui est foraine. L'auteur pose la question de la différence, des préjugés, de la séparation et on peut voir que la violence & la mort sont des thèmes omniprésents et cela dès le début du récit avec les premières funérailles vu du point de vue de l'enfance, interrogeant alors le lecteur sur l'éphémérité de l'humain et une certaine sublimation de la mort. L’auteur met aussi un point d’honneur à montrer la violence exercée sur les enfants dans les années 50, mais que je trouve, ici, superflue, non pas par caution des châtiments corporels, mais plutôt dans le fait qu’aujourd’hui cette violence est presque totalement banalisée dans la vie de tous les jours, que ce soit dans certains foyers, au travers des informations ou du voisinage. Et en particulier parce qu'elle n'est, ici, pas énormément mise en avant, aussi il est assez facile de passer à côté voire de ne pas y faire très attention.
Pour finir, je pense qu’il peut facilement y avoir un décalage entre ce qu’à voulu dire l’auteur au travers de son livre et la manière dont le lecteur perçoit les événements racontés.Du coup, je pense que ce roman est plus adapté pour des personnes voulant se remémorer l’enfance (voire leur enfance) dans les années 50 que pour un jeune lectorat qui risqueraient de passer à côté de plusieurs thématiques assez importantes du livre. Malgré la lenteur dans le développement du récit qui m’a un peu rebutée et manque d'équilibre entre le début et la fin, La reine du découpage est un récit plein de poésie sur la vie d'un personnage attachant.