Genre : Uchronie historique Steampunk - Littérature jeunesse Citation : « Je hais ces murs qui cloîtrent les gens. Nous vivons dans la misère à cause d'eux, sans possibilité d'évolution. » Présentation de l’histoire : 1914. L’attentat de Sarajevo échoue. La guerre est évitée. La suspicion règne à travers l’Europe. Les armées figent leurs positions, construisent deux lignes de défense infranchissables. 2014. Les deux murs sont toujours là. La France et l’Allemagne sont repliées sur elles-mêmes. Les populations vivent comme au début du XXème siècle. Constance, parce qu’elle parle allemand, est au cœur d’une mission d’espionnage qui lui fait traverser les frontières. Elle se bat pour retrouver un monde libéré du joug des armées et dans lequel les hommes sont libres et égaux. Parviendra-t-elle par sa volonté farouche à renverser le cours de l’histoire ? |
♦ Critique par Laetitia N.
J’ai toujours aimé les livres jeunesses et je suis passionnée par l’Histoire - en tant qu’étudiante en fac d’Histoire -, du coup j’ai été vraiment heureuse de découvrir ce livre dans ceux envoyés par Flammarion.
Il est bon de rappeler qu’il s’agit d’un livre destiné à un lectorat à partir de douze ans, car cela justifie de nombreux choix fait par l'auteur. Le style est simple et compréhensible de tous, néanmoins j’ai réellement aimé que l’auteur prenne le choix d'employer un peu de vocabulaire plus évolué, rendant ainsi le roman intéressant pour un lectorat plus âgé qui déciderait de le lire. Le rythme et la dynamique sont tout à fait en place, on regrette que des passages soient beaucoup trop rapides, mais les courts chapitres nous permettent de ne pas nous lasser et d’arriver assez vite à la fin du livre. Les dialogues sont assez nombreux, pas toujours les plus utiles – on préférerait parfois que soit privilégiée la narration – mais cela donne une dynamique intéressante pour les jeunes lecteurs, afin de ne pas les perdre. Il est très appréciable également que l'auteur ait fait le choix du passé – et non du présent comme trop souvent dans les livres jeunesse –, car il permet de mieux s’immerger. Cependant avec le recul, j’en suis venue à me demander si le présent n’aurait pas été plus pertinent pour nous rattacher plus à notre présent. Le point de vue internet à la troisième personne est souvent celui de Constance, l’héroïne, mais de temps à autre, nous suivons d’autres personnages, l'auteur jouant la carte de la solution de facilité, sauf pour le premier changement de point de vue qui est le seul pertinent. La mise en page est reposante grâce à la grosseur de la police. L’auteur intègre également avant chaque chapitre de courts passages qu’il présente comme des rapports secret défense, ces ruptures nous permettent de nous plonger encore plus dans ce monde parallèle de 2014.
L’intrigue part d’une question simple : et si la guerre de 14 n’avait pas eu lieu ? On nous entraîne donc dans une réalité différente de la nôtre qui se déroule pourtant en 2014 pour y suivre les aventures de Constance, jeune "Alsacienne". L’intrigue parait assez prévisible, pourtant dans la deuxième partie du livre, une action à laquelle on ne s’attendait pas nous permet de nous replonger au mieux dans le récit. J’ai été plusieurs fois surprise dans la dernière partie, et cela fera grand plaisir à nombre de lecteurs. Par contre, sur les 160 pages que comporte le livre, l’intrigue ne débute vraiment qu’à partir de la cinquantième page, j’ai trouvé ça dommage, même si cela permettait de la préparer au mieux. On final, on a pas le temps de s’attacher réellement aux personnages – que ce soit l’héroïne ou les autres –, qui sont esquissés trop rapidement et dont la psychologie est peu présente. En effet, il n’y a que des actions pour les représenter et cela est vraiment dommage car l’auteur aurait pu plus en jouer. Il y a un réel manque à gagner avec les émotions et les sentiments, légèrement bâclés. Certains personnages sont également très cliché et semblent avoir des gestes totalement inadéquat avec beaucoup de situations, encore une solution de facilité ? Sûrement. Le roman s'inscrit dans l'esthétique steampunk. L’univers est le notre, mais dans une époque revisité, où la guerre de 14 n’a pas eu lieu. On retrouve de nombreuses petites références à notre quotidien actuel, comme le TGV – ici Train à Grande Vapeur – mais il est illogique - et exagéré -, notamment que la population vive comme au XXème siècle alors que le gouvernement et autres possèdent des technologies de notre temps. De plus, l’auteur ne joue pas assez sur ces différences pour son héroïne qui pourtant n’y connait rien. A noter également, certains thèmes forts abordés dans le livre, notamment le droit des femmes, sont traités de manière bien trop anecdotique et n’apportent rien à l’œuvre si ce n’est de décevoir les lecteurs, alors que le livre est un bon moyen de sensibiliser. On apprécie les savoirs historiques qui sont dispersés ici et là, notamment pour un lectorat qui n’a peu ou pas étudié la première guerre mondiale, mais il est décevant d’y voir des silences trop encombrants ou des manques essentiels... Quel dommage. Il y a également un réel manque au niveau de l’ambiance et des décors, les descriptions sont souvent trop sommaires et ne permettent pas de nous y plonger totalement, alors que le choix de l'esthétisme steampunk ouvrait grand les portes d'un univers retro-futuriste à développer. Enfin, comme développé tout au long de la critique, le roman ne se repose que sur l'action omniprésente au détriment de tout ce qui fait normalement un bon livre : un univers et des personnages. Bref, l'auteur a bâclé le reste et c’est réellement dommage.
En résumé, c’est un court livre qui se limitera à un lectorat assez jeune, un public plus âgé ne pouvant y trouver réellement son compte par le manque d'aboutissement, les fragilités, les solutions de facilité prise par l'auteur que ce soit du point de vue des émotions, des personnages et des décors. Il est bien dommage que tout se concentre sur l’action, car ce sont toutes ces autres choses qui auraient donné une vrai dimension au roman et qui m’auraient réellement plus dans ce "et si ?".