Genre : Récit de vie contemporain Lectorat : Jeunesse - Adolescent Citation : « Cette voix avait des yeux. Cette voix avait un sourire. Cette voix était…beau. » Présentation du livre : Fay est une jeune femme surprenante, polyhandicapée et épileptique. Ni son corps ni son cerveau ne sont comparables aux nôtres. Ses crises de haut mal mettent souvent sa vie entre parenthèses, creusant de larges ellipses dans son histoire. Raconter le mode « OFF » de son cerveau, c’est décrire les folles merveilles du pays d’Alice, c’est aussi instructif qu’une plongée au cœur de son propre subconscient, c’est la matière des rêves. Au lycée qu’elle fréquente pour la première fois, tout lui est étranger. Tout ? Excepté peut être Luke, l’assistant en arts dont la voix très particulière rappelle à Fay les intonations de celle qui l’encourage, chaque fois, à s’extirper des bras tentaculaires de son épilepsie… Quel est ce lien étrange ? Luke peut-il aimer une jeune femme handicapée, si jolie soit-elle ? En a-t-il le droit ? Dans sa famille britannique, fondée selon des principes ancestraux, rien n’est moins sûr. |
♦ Critique par Nathalie Pi.
J’ai découvert l’univers de Fay Renoir grâce au collectif Histoires de Romans que je tiens à remercier ainsi que les éditions ThoT et Marlène Chombard-Lemoine, l’auteur.
J’ai beaucoup aimé le style d'écriture qui est assez oral et simple à la fois. L’histoire racontée à la première personne nous permet de nous retrouver dans la tête de l’héroïne, jeune fille au caractère bien trempé. La dynamique et le rythme du texte sont bien en place et on passe de révélations en révélations tout au long du roman sans défaillance. Les dialogues ont une place assez importante, non pas en terme de quantité, mais plutôt par rapport aux difficultés qu’éprouve l’héroïne à parler. Ils nous montrent donc les efforts fournis par Fay pour pouvoir communiquer avec sa famille et ses amis. Le vocabulaire est bien adapté aux personnages, à leur âge, mais également parfait pour un jeune lectorat. Cependant, les quelques chapitres du point de vue de Luke contiennent des mots voire des passages en anglais qui pourraient poser problème à toute personne ne parlant pas un mot de cette langue. J’avoue avoir moi-même dû utiliser un dictionnaire à certains moments. Dans ce roman, nous avons donc deux points de vue différents : celui de Fay et celui de Luke. Le récit est écrit au passé, Fay nous raconte donc sa vie ou du moins le chemin parcouru pour arriver à celle qu’elle est au moment de l’écriture du roman. Enfin, la mise en page est assez classique, les chapitres ne sont pas numérotés mais ont des titres. Et, de temps en temps, une illustration sépare deux chapitres.
Fay aimant dessiner et étant inscrite au cours d’arts plastique, on peut penser que les illustrations font partie des travaux qu’elle rend tout au long de l’année ou qu’elle garde pour elle. Les dessins ont un petit coté fantaisiste qui rappelle souvent l’univers « off » de Fay, celui de ses crises d’épilepsie. Les traits sont assez durs, énergiques et donnent l’impression d'avoir été exécuté au stylo. Entièrement réalisées en noir et blanc, les illustrations sont la fois réalistes et très enfantines, nous laissent sur l'idée que Fay ne grandit pas dans son esprit ou grandit mal... Mais cela fait partie du caractère de l’héroïne. Ces dessins rajoutent une touche fantaisiste au roman et rendent Fay encore plus touchante. On retrouve tout ce qui se passe dans la tête de Fay, l’univers qu’elle s’est forgé et qui n'est pas sans nous rappeler parfois celui d'Alice au pays des merveilles.
L’intrigue est vraiment très bien préparée et assez surprenante par moment. Le lecteur a des révélations tout au long du roman. J’ai trouvé l’histoire très originale dans le sens où ce n’est pas tous les jours qu’on peut lire un livre où l’héroïne est polyhandicapée et épileptique ; mais aussi dans lequel les moments « off » durant les crises est visible. Dans ce sens, le livre rappelle un peu Alice au pays des merveilles. En effet, durant ses crises Fay se retrouve coincée dans son subconscient dans un univers assez fantaisiste. Le récit s’articule donc entre ses moments de vie chez elle et à l’école, et dans l’univers qu’elle s’est créé. Je me suis énormément attachée au personnage de fay qui est très touchante et plaine de vie. C’est une héroïne qui se bat constamment contre sa maladie qui l’entrave. J’ai eu un petit peu plus de mal avec le personnage de Luke, un étudiant anglais aidant le professeur d’arts plastique. Les autres personnages secondaires, comme les membres de la famille de Fay ont aussi une psychologie bien développée et on ne peut que s’attacher à eux. Ce livre nous montre donc le combat d’une jeune femme qui essaie de lutter contre sa maladie et qui essaie de trouver l’amour.
En conclusion, ce premier tome de Fay Renoir est un très bon roman au thème fort de la lutte contre la maladie, la quête d'amour, et avec des personnages touchants auxquels on s’attache sans problèmes pour la plupart. Cependant, les passages en anglais pourraient poser problème à certaines personnes. Un récit à découvrir.