KING'S GAME
Nobuaki Kanazawa
Nobuaki Kanazawa
Genre : Thriller d'épouvante - Littérature adolescente Citation : « Les cordons de la console étaient entortillés autour du cou du supplicié, qui portait de multiples traces de griffures. Peut-être se les était-il infligées en se débattant ? » Présentation de l’histoire : 1 classe, 32 élèves, 24 heures pour obéir. Une seule sanction : la mort. Nobuaki est réveillé en pleine nuit par un étrange SMS qui met au défi deux de ses camarades de lycée de s'embrasser. Le mystérieux expéditeur du message prétend que la classe entière participe à un « King's Game ». Jour après jour, les défis se succèdent, et les lycéens sont bien obligés de se rendre à l'évidence : ils ont 24 heures pour s'exécuter et la sanction en cas de désobéissance est la mort. Suicides ou meurtres ? Puissance occulte ou criminel de chair et de sang ? Où qu'elles soient, quoi qu'elles tentent pour s'échapper la mort vient trouver ses jeunes victimes, infaillible. Le couperet se rapproche dangereusement de nos héros... Parviendront-ils à découvrir la vérité avant qu'il ne s'abatte ? |
♦ Critique par Bleuenn G.
Je remercie Histoire de Romans et les éditions Lumen pour la découverte de ce roman, dont le résumé m'a tout de suite interpellée.
L'écriture est rudimentaire. Beaucoup trop rudimentaire. Le rythme comme la dynamique sont pauvres et ne varient quasiment pas. Les phrases du type « Naoya était le meilleur ami de Nobuaki » fleurissent et c'est franchement désagréable. Même pour un livre pour adolescents, les lecteurs ont des exigences plus élevées. À noter que j'ignore si l'auteur est le seul à blâmer, puisque la traduction du japonais au français ne doit pas être aisée. En tout cas, cette écriture simpliste et superficielle donne la fâcheuse impression que l'auteur n'a fait aucun effort sur son style. Le vocabulaire est plus élaboré, mais pas forcément bien utilisé. Les dialogues sont trop nombreux, régulièrement inutiles et surtout ils ne correspondent pas à l'âge des personnages ! Ces derniers parlent de manière beaucoup trop soutenue et utilisent des tournures beaucoup trop complexes pour l'oral.
L'intrigue est simple : trente-deux élèves qui doivent obéir à des consignes reçues par SMS. Jusque là, c'est très intriguant et attirant. L'idée de base est excellente. Malheureusement, les défis sont souvent sexuels, ce qui n'apporte absolument rien. De plus, le lecteur déchante vite : dès le début, et alors que le résumé ne l'annonce pas forcément, on se rend compte que l'histoire tombe très vite dans le fantastique. C'est une déception dans le sens où le lecteur aurait préféré que le coupable se trouve dans la classe. Dès le troisième mort, on comprend que c'est quelque chose de surnaturel qui agit. Pas d'enquête donc et tant pis pour le côté suspense propre au thriller. Énorme point noir de ce roman : l'auteur ne tient absolument pas en compte le monde extérieur. Du coup, il y a d'énormes incohérences qui font bondir. Par exemple, alors que trois-quart des élèves sont déjà morts, une élève dit qu'elle vient d'annoncer à son père ce qu'il se passait dans sa classe. Comment ça, il n'était pas au courant ? C'est évidemment impossible. D'autre part, cela souligne l'exemple majeur : la quasi-absence de la police. Elle intervient très rarement et se contente d'interroger rapidement une ou deux fois les élèves. Sérieusement ? Imaginez que dans une classe, en quelques jours, une vingtaine d'adolescents meure... imaginez toute la police qui serait mobilisée, sans compter les journalistes. Bref, l'auteur se contente de se centrer sur les adolescents en oubliant toute crédibilité. Les personnages sont trop nombreux et se mélangent. Seuls trois se démarquent du lot : le héros, Nobuaki (quelle étrange idée de nommer son personnage principal comme soi-même !), sa petite-ami et son meilleur ami. Difficile cependant de s'attacher à eux, leurs personnalités ne sont pas assez marquées. Et ne parlons pas des autres élèves de la classe qu'on oublie aussitôt morts. Toutefois, le problème principal réside ailleurs. En effet, l'auteur s'attarde sur les actions et en oublie totalement les émotions. Il ne permet donc pas au lecteur d'être touché par les événements. On voit les morts défiler sans pour autant s'en trouver attristé. Quelle déception ! L'intrigue avait pourtant le potentiel pour émouvoir. Et puis, l'atmosphère en pâtit forcément : le frisson, l'angoisse ne se montre que très - trop - tard. L'auteur veut aller trop vite et en bâcle totalement son travail.
Très franchement, ce roman aurait pu être vraiment excellent, mais est malheureusement d'une pauvreté affligeante, tant sur les plans de la forme que sur le fond. C'est une grande déception. Je le recommanderais donc uniquement aux adolescents adeptes du gore inutile et pas très exigeants. Maintenant, il s'agit d'un tome 1, donc peut-être un raté de démarrage... mais ça me dérangerait pas de lire le tome 2, justement vu la fin trop bizarre de celui-ci.