Genre : Fantasy - Littérature jeunesse Citation : « Qu'est-ce qui a bien pu flanquer une telle frousse à cette bestiole ? s'étonna-t-il. La réponse ne tarda pas. Elle survint sous la forme d'un harpon dont la pointe se cala au creux de ses reins.» Présentation de l’histoire : Sur les terres de l'Hüld, une guerre sans merci oppose les humains qui occupent les plaines du Sud aux O'aks, créatures à la brutalité légendaire qui résident dans les forêts sombres du Nord. En attendant que son fils Théodoric atteigne l'âge requis, la reine Clotilde gouverne, secondée par le démiurge Horatius. Celui-ci prône l'éradication des O'aks, qui occupent selon lui une terre sacrée destinée aux seuls humains. Théo vient de fêter ses quinze ans. Selon la tradition, il doit chasser un O'ak pour en rapporter la dépouille en guise d'offrande au « Dieu épineux ». L'enjeu est de taille pour l'adolescent, qui doit monter sur le trône et rêve de venger son père assassiné par le chef des O'aks... |
♦ Critique par Nicolas V.
Dédicacé par Stéphane Tamaillon lors du Livre sur la Place 2012 à Nancy, l'illustration de couverture de Il était une fois dans l'Hüld, signée Yann Tisseron, donne tout de suite le ton du roman. Alors brandissez le glaive, car le sang appelle le sang et sur le champ de bataille, seuls la fureur et l'éclat de l'acier comptent...
Le style est déterminé et entraînant. On ne s'attarde pas sur la description d'un objet, la couleur d'une fleur, la forme d'une lame. Non, on ne s'endort pas. Loin de là. L'ensemble est vif et tranchant, mais jamais sanglant, ni repoussant. L'auteur va à l'essentiel et son écriture garde un rythme et une dynamique justes tout au long du roman, accompagnés d'images saisissantes. Dans sa manière d'écrire, avec ses mots, l'auteur parvient à mettre en avant les images fortes qui marquent l'esprit et structurent le récit. On garde en tête ce qu'il faut garder en tête. Si cette organisation fonctionne, c'est notamment grâce au choix d'une narration à la troisième personne et de raconter l'histoire du point de vue de Théodoric. En effet, son caractère s'imprègne bien entre les lignes et cela confère à l'ensemble une tonalité particulière. Ensuite, quand le lecteur fait face à des termes compliqués, relatifs à la guerre et à l'armement pour la plupart, des notes de bas de page viennent à son secours. Elles sont rares et présentes seulement dans le début du roman. Pour les dialogues, bien que le langage Oa'k rompt avec le reste et que l'effet agit dans le bon sens, soit surprendre, on reste dubitatif face à la manière de s'exprimer des humains. Par exemple, quand Théo parle, on a l'impression qu'il vient de notre époque. Il parle d'une façon similaire, alors qu'on se serait attendu à quelque chose d'un peu plus différent, disons d'un peu plus singulier. Je ne sais comment expliquer ma pensée. Voyons maintenant les petites étourderies de la mise en page et les très rares coquilles qui, du coup, ont perturbé ma lecture, comme par exemple une majuscule qui ne devrait pas être ou encore un paragraphe coupé en deux...
Souvent, dans ce genre littéraire, les mondes sont complexes avec une intrigue qui nécessite de s'étaler sur des centaines de pages. Mais ici, l'originalité réside, d'une part, dans une intrigue simple, mais bien préparée et, d'autre part, dans un travail sur l'Hüld qui est bien entrepris. L'auteur parvient à créer un univers assez bien charpenté dans lequel le lecteur entre avec facilité et où tout lui est expliqué sans précipitation. L'auteur raconte davantage une histoire qu'il ne cherche à créer un monde imaginaire, aussi, le récit ne nécessite pas un univers complexe, ce qui ne l’empêche pas de reposer sur des bases solides. Quant aux personnages, ils ne sont pas vraiment stéréotypés, mais plutôt hauts en couleur avec leur propre caractère et tempérament. Mais il est dommage de ne pas entrer davantage dans la psychologie des personnages ; on reste en surface et les relations qu'ils entretiennent ne sont pas assez exploitées. Les thèmes de la vengeance et de la haine se ressentent tout au long de l'aventure, aussi le lecteur se retrouve face au parcours initiatique de notre héros. Dernier regret que l'on peut avoir : une fin assez brusque et rapide.
Bref, un roman de fantasy jeunesse bien écrit qui, par sa brièveté et son style imagé, ne peut que plaire aux enfants et adolescents, et même pourquoi pas aux adultes, notamment par le caractère didactique qui se dégage de l’œuvre. À découvrir.