Genre : High Fantasy Lectorat : Adolescent tout public Citation : « Le sang est mémoire. » Présentation de l’histoire : Une famille de grands propriétaires terriens se retrouve ruinée. Sa seule richesse réside dans la possession d'un magnifique bateau en bois-sorcier, La Vivacia, jusqu'ici consacré au transport de marchandises. Or, peu avant de mourir, le capitaine Vestrit le lègue à l'époux de sa fille aînée, homme autoritaire et entêté, qui tente honteusement de restaurer la fortune d'antan en se livrant au transport d'esclaves. Cet héritage lèse ainsi la cadette, Althéa, qui entretient pourtant une complicité étroite et des liens passionnés avec le bateau sur lequel elle navigue depuis sa plus tendre enfance. Elle jure alors de le reconquérir coûte que coûte. Emportée dans une spirale de malheurs, la famille Vestrit va affronter les épreuves les plus terribles. Car la discorde divise désormais ses membres. |
♦ Critique par Julie V.
Cette série des Aventuriers de la mer est à lire directement après la première série de l'Assassin Royal. Si l'on peut la lire indépendamment des aventures de l'assassin Fitz, de nombreux ponts sont faits entre les deux séries : clins d'œil géographiques, petits renvois à des personnages et surtout, le dénouement de l'Assassin Royal vaut quelque part pour les Aventuriers de la mer, aussi il sera plus intéressant de respecter son ordre : la trilogie de l'Assassin Royal, la trilogie des Aventuriers de la Mer et la trilogie du « Tawny Man », c'est-à-dire en français la seconde trilogie de l'Assassin Royal. Grande fan de ce dernier, je n'ai personnellement pas suivi le sage conseil de lire les Aventuriers de la mer au milieu. Je me suis donc laissée tenter par cette série qui, à mon grand damne, n'avait a priori rien à voir avec Fitz Chevalerie Loinvoyant. Et pourtant, j'ai peur d'avouer que cette trilogie m'enchante davantage...
Plume habille et fluide qui ne nous a jamais déçue c'est, avant toute chose, la dynamique qui est extrêmement bien établie ! En effet, contrairement à ses premiers livres où Robin Hobb optait pour un narrateur à la première personne dont on suivait l'évolution et les aventures, nous commençons l'histoire in medias res et à travers différents personnages. Impossible de s'ennuyer, entre dialogues et descriptions médiatisés par le point de vue d'un personnage, vous ne relâcherez pas votre livre de sitôt. Dans tous les cas, le rythme est particulièrement soutenu et les temps morts sont absents de ce premier tome qui se dévore plus qu'ils ne se lit. Le point noir s'adressera à Flammarion, pour avoir laisser nombreuses coquilles, fautes, et erreurs de traduction que l'on retrouve aussi dans l'Assassin Royal. Aussi, s'il vous est possible de lire cette série également en anglais, faites-le.
Pour ce qui est de l'intrigue, l'originalité est bien présente : nous nous trouvons au Sud des Six-Duchés, royaume de Fitz, et dans une culture tout autre. Ici, le monde maritime prédomine entre les navires Marchands, les trafics d'esclaves et les bateaux pirates. À Terrilville, on rencontre ainsi les vivenefs, navires faits de bois-sorcier dont la figure de proue s'éveille après la mort de trois générations de propriétaire : bateaux convoités, l'histoire et les préoccupations des personnages tournent autour de ces êtres fabuleux. Mais l'on rencontre aussi des intrigues politiques entre les Marchands, les Nouveaux Marchands, les habitants étranges du Désert des Pluies, ou de longs questionnements au sujet de ces nombreux serpents aux origines inconnues, sans compter les petits différents à l'échelle des personnages. Tour à tour et dans chaque chapitre, nous passons des aventures d'Althéa, au point de vue de Brashen, aux voyages de Kennit ou même aux événements à terre au niveau de la famille Vestrit, sans oublier le point vue des serpents de mer. Le petit hic, il est désagréable de suivre un individu détestable tel que Malta ou Kyle, mais la richesse de l’œuvre se trouve aussi dans ce fait qu'une même situation offre plusieurs points de vue, présentant les personnages sous leurs aspects les plus positifs comme les plus négatifs.On devine parfois aisément de quelle façon vont converger les attitudes de Kyle, Althéa, Kennit et les autres, mais le suspens n'en est pas moins à son comble : au contraire, les pages passionnent et nous portent frénétiquement au dénouement, qui ne donne qu'envie de se plonger dans la suite. Loin d'être une série de fantasy banale, on retrouve des problématiques qui ont secoué notre propre monde : esclavage, respect des traditions ou au contraire bon accueil des nouveautés qui secouent les plus anciennes familles... Ces passages, surtout ceux touchant aux esclaves, sont particulièrement forts et participent à la puissance de l’œuvre.
Loin des redondances et répétitions que l'on retrouve dans l'Assassin Royal, on retrouve avec plaisir la plume de Robin Hobb et son univers renversant, qui nous rappelle parfois étrangement le nôtre et ses propres déboires. Bref, un récit absolument captivant et qui commence fort dès le début ! Lancez-vous dans l'aventure !